Article de La Manche Libre du 3 novembre 2002
Dans le Mortainais, les Anglais débarquent
Quand on habite dans le Mortainais, difficile de
laisser passer une semaine sans entendre parler la langue de Shakespeare
autour de soi. Il faut dire que les Anglais aiment particulièrement
cette région. Ils profitent d’un marché immobilier moins cher que
chez eux pour s’y installer.
La
commune de Coulouvray-Boisbenâtre, dans le canton de Saint-Pois, compte
à peine six cents habitants et pas moins de 47 familles anglaises y
habitent de manière occasionnelle ou permanente. Un petit peu plus
loin, dans le canton de Sourdeval, dans certaines classes d’écoles,
il y aura bientôt plus d’élèves anglais que de petits Français Ces
deux exemples correspondent peut-être à des situations extrêmes que
l’on ne retrouve pas partout dans cette région du sud-Manche, mais
ils ont l’avantage de faire prendre conscience d’un phénomène qui
a pris de l’ampleur.
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Julia et Anthony Denness ont choisi le Mortainais et
plus précisément Virey, près de St Hilaire, pour vivre leur
retraite
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une maison sur deux
Cet
état de fait est confirmé par M. Rebours, de l’agence immobilière de
la Tour, à Saint-Hilaire: “On
observe un net regain depuis deux ans et désormais, dans la région,
presque une maison sur deux en campagne est vendue à des Anglais”. Du
reste, un récent sondage montre que 54 % des Britanniques disent vouloir
venir s’installer en France. Un phénomène que n’a pas altéré le
passage à l’euro, puisque la livre reste très forte par rapport à la
monnaie unique.
Cette
situation n’est pas sans conséquence sur le prix de l’immobilier
dans le secteur: “Le marché est
pressé par les Anglais. Ils font monter les prix et cela contrarie
souvent les plans des acheteurs locaux”, explique M. Rebours.
Mais
quelles sont les raisons qui poussent nos voisins d’outre-Manche à
venir s’installer dans notre région? Elles nous sont données par
Julia et Anthony Denness, qui ont acheté en octobre 2001 une maison à
Virey, près de Saint-Hilaire. Comme beaucoup de leurs compatriotes,
pendant de nombreuses années, ils sont venus passer leurs vacances en
France et, l’heure de la retraite ayant sonné, ils ont choisi de venir
s’y installer. Originaires du Sud de l’Angleterre, ils ont élu
domicile dans un petit havre de paix, surplombant le lac de Vezins.
La
première raison qu’ils invoquent, c’est la qualité de vie à la française,
les marchés dans chaque ville, les fêtes locales, les foires, la
gastronomie, etc... “On n’a plus
tout cela en Angleterre”, regrette Anthony.
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la campagne plébiscitée
Les
Anglais viennent s’installer en nombre dans le Mortainais, mais qu’en
est-il sur le reste de la Manche?
“On vend des
maisons à des Anglais un peu
partout dans la Manche”, confie M. Hamon, du Cabinet Faudais, à
SaintLô. “Ils représentent
environ 30 % des acheteurs sur le marché de l’immobilier actuellement».
Les Anglais achètent
principalement en campagne, et très peu à la mer. “Nous
vendons beaucoup à des Anglais dans les campagnes du centre-Manche et du
nord- Cotentin”, explique M. Hamon
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trois fois moins cher
A
cela s’ajoute une question purement matérielle : les maisons à
vendre sont beaucoup plus chères en Grande-Bretagne. Une campagne
beaucoup moins étendue qu’en France et des restrictions à la
construction font que le prix de l’immobilier s’est envolé
outre-Manche. “Pour cette belle
maison avec 3 000 mètres carrés de terrain, nous aurions payé, chez
nous, trois fois plus cher”.
Il
reste à savoir pourquoi les Anglais viennent spécifiquement dans cette
région. La réponse est toute simple: “Ici,
nous sommes
tout prêts du port de Cherbourg et
de celui de Caen, notre famille et nos amis peuvent ainsi facilement
venir nous voir”.
Quant
à l’intégration, le problème est balayé d’un revers de main par
le couple: “Tous les Français
sont très accueillants avec nous et il n ‘a
vraiment pas été difficile de
nous puis quelques semaines, nous preintégrer”.
Une
volonté de vivre à la française que même la barrière des
langues ne peur émousser :
"Depuis
quelques semaines, nous prenons des cours, une proposition que nous a
faite un ami français..."
De
Denis Bersauter
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Le
littoral boudé
Inversement,
le littoral semble boudé par nos voisins d’outre-Manche. Ainsi, comme
l’explique Maître Vigneron, notaire à Granville, “Sur
les 400 dossiers que l’on traite annuellement, seul deux ou trois
concernent des Anglais”. Il est vrai aussi que l’immobilier sur le
littoral est beaucoup moins abordable.
Ce
que recherchent souvent les Britanniques, ce sont des maisons de pierre
typiques à restaurer. Mais sur ce point, une évolution se fait jour
“Avec eux, on s’intéresse
aussi maintenant aux pavillons”, conclut M. Hamon.
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